Un homme rencontre une femme à la sortie d’une séance d’Elle et Lui, le chef-d’œuvre de Leo McCarey. Ils se mettent à discuter sur le trottoir de leur passion pour ce film.
Elle a 72 ans, lui 48. Ils tombent amoureux. Leur histoire, cependant, tourne court.
Des mois plus tard, l’homme découvre que cette femme a publié un roman : celle-ci continuant d’obséder ses pensées, il se plonge aussitôt dans sa lecture. L’action se déroule en 1974 à Vienne, en Autriche, mais le récit multiplie les allers-retours avec l’Europe des années 1930 et l’immédiat après-guerre. II comprend alors ce que leur récente histoire sentimentale a pu raviver de beau et de douloureux chez cette femme.
Décidément toujours loin des modes, Jean-Pierre Montal entreprend cette fois de sacraliser le « mélo ». Dans un texte court, extrêmement concentré, où le mot de trop est traqué de manière obsessionnelle, l’auteur parvient à enchâsser différentes époques afin de faire comprendre les méandres psychologiques et les douleurs de ses personnages. L’échec amoureux, en germe dans tous les couples, est ici analysé avec une précision à la fois sensible et impitoyable. Roman du souvenir et surtout de l’incapacité à oublier, La Face nord est aussi un hommage à Vienne, à sa culture, son architecture, son
histoire, ainsi qu’à ces romanciers d’Europe centrale qui ont donné à notre continent l’identité et le prestige dont on néglige aujourd’hui l’héritage.